Avoir un syndic est obligatoire pour une copropriété afin de faciliter et de réglementer la gestion collective de l’immeuble. Il s’agit d’une personne physique ou morale destinée à représenter le syndicat des copropriétés d’une manière légale. La loi du 10 juillet 1965 stipule les missions principales et les obligations de ces organes. Pourtant, les critiques à l’égard des syndics de copropriété ont augmenté en France. D’après le baromètre CLCV (Consommation, Logement, Cadre de Vie), publié au début de novembre 2021, seulement 49 % des copropriétaires sont satisfaits des services de ses représentants. Quand y a-t-il abus de pouvoir de syndic ? Que faire en cas d’injustice subie en copropriété ? Comment éviter d’être victime de l’usage excessif de pouvoir des syndics ?
Syndic de copropriété : une gestion administrative frauduleuse
Assurer la gestion administrative d’un immeuble est l’une des fonctions principales du syndic de copropriété. Élu pour un mandat de 1 à 3 ans renouvelable, l’organe garantit la mise en œuvre des décisions prises lors de l’assemblée générale et des règlements relatifs à la copropriété. Le mandataire est responsable de l’immatriculation des biens auprès du registre national des copropriétés. Ce dernier est également tenu de mettre à jour la fiche synthétique rassemblant toutes les informations techniques, financières et juridiques de la copropriété. L’administrateur fournit un carnet d’entretien renfermant les informations relatives aux travaux de maintenance réalisés au sein de l’immeuble.
Parfois, les abus de pouvoir du syndic surviennent dès la rédaction du contrat. En effet, de nombreux syndics professionnels exploitent l’inexpérience des copropriétaires pour établir un acte d’engagement qui lui est avantageux. Il s’agit par exemple de la suppression de certaines clauses inscrites dans le contrat type d’une copropriété. Ce procédé est pourtant interdit par la loi n° 2014-336 du 24 mars 2014 dont l’un des objectifs est d’améliorer le fonctionnement des copropriétés.
Il en résulte des facturations excessives des services, particulièrement lorsque vous engagez un syndic professionnel. Le prestataire tarifie des activités qui sont, normalement inclus dans le forfait de base proposé aux copropriétés. Il s’agit de :
- la gestion des archives ;
- la gestion de sinistres des parties communes de l’immeuble ;
- la facturation des honoraires pour des travaux exceptionnels votés lors de l’assemblée générale.
Ces cas résument la longue liste des plaintes des copropriétaires les plus fréquentes sur les abus de pouvoir des syndics.
Conseil syndical : une mauvaise gestion de l’immeuble
Le syndic est le premier responsable de la bonne tenue de l’immeuble en copropriété. Le mandataire assure l’entretien des parties communes : les couloirs, les jardins, les toitures, les murs, etc. Ce dernier est également tenu de maintenir les équipements collectifs en bon état.
Tous travaux concernant les copropriétés doivent être votés lors d’une assemblée générale. Par contre, le syndic de copropriété est autorisé à prendre des décisions sans consulter au préalable le syndicat (ensemble des copropriétaires) en cas d’urgence. L’intervention immédiate concerne par exemple la réparation ou le remplacement de chaudières, de chauffage, de toitures, etc. Pour toutes ces raisons, il peut être difficile de lutter contre les abus de pouvoir du conseil syndical, tant leur présence est indispensable.
De nombreux copropriétaires se plaignent souvent de la négligence en cas de sinistres survenus au sein de l’immeuble. Le syndic refuse d’effectuer des travaux, pourtant primordiaux, pour assurer la sécurité des occupants du bâtiment tel que la réparation d’un mur risquant de s’effondrer. Il en est de même lorsque des troubles de jouissances surviennent à l’instar de la présence de nuisibles, une panne d’ascenseur, etc. Pour ce faire, le syndic de copropriété modifie les informations ou prend parti d’un copropriétaire refusant les travaux. Les mauvais entretiens représentent pourtant un sentiment d’insécurité et d’inconfort aux occupants.
Fraude du syndic avec l’entrepreneur chargé d’effectuer les travaux
Parmi les missions du syndic de copropriété, l’organe est tenu de garantir la gestion financière de l’immeuble. Cela inclut l’établissement du budget prévisionnel de la copropriété. Cette tâche concerne principalement la collecte des charges, la récupération des impayés, etc. Le syndic est aussi responsable de la réalisation des gros travaux à effectuer au sein de l’immeuble et de contrôler le chantier. Le mandataire est donc en relation directe avec le prestataire et effectue la demande de devis, signe les contrats et règle les factures des fournisseurs.
Outre les différentes facturations illicites et le non-respect du plafonnement dont les réglementations en immobilier établissent, le syndic de copropriété est aussi pointé du doigt à cause des facturations exorbitantes des achats. Cela arrive souvent avec un syndic de copropriété professionnel. Pour ce faire, le mandataire impose au syndicat l’utilisation de compte unique. Ainsi, il devient plus facile de falsifier les opérations en collaboration avec la banque. Concernant le régime de syndic bénévole, le problème concerne l’utilisation de la caisse de la copropriété pour régler certains frais.
Comment agir en cas d’abus de pouvoir du syndic de copropriété ?
Vous avez constaté des abus de pouvoir ou des défaillances au niveau des responsabilités du syndic de copropriété ? Notez que vous avez à votre disposition de nombreuses possibilités pour révoquer un membre du conseil syndical.
Régler les conflits à l’amiable
Avant d’entamer une procédure quelconque, il convient d’identifier et de justifier les fautes du membre du conseil syndical. Si possible, procédez à un accord à l’amiable en envoyant une lettre de mise en cause au syndic. Cette démarche vise principalement à ordonner au mandataire d’honorer ses obligations. Le membre du conseil concerné peut démissionner, sinon, le membre de conseil est en droit de le révoquer. L’annulation du mandat se déroule comme suit :
- ajoutez la révocation à l’ordre du jour de la prochaine assemblée générale ;
- procéder au vote en assurant l’obtention de la majorité absolue ou à la majorité simple (issue du deuxième vote de la même assemblée) ;
- convocation d’une nouvelle assemblée générale après trois mois dans le cas où le tiers des voix n’est pas obtenu ;
- rupture du contrat et nomination d’un nouveau syndic de copropriété.
Cette étape est réalisable uniquement après la fixation des règlements de la copropriété. La résolution à l’amiable du problème est de mise, particulièrement lorsque les fautes sont moins graves. En effet, les procédures judiciaires s’avèrent être contraignantes et coûteuses.
Engager une procédure judiciaire
Lorsque la procédure à l’amiable ne fonctionne pas, sollicitez le tribunal de grande instance de la zone de localisation de l’immeuble. Effectuez cette action dans le cas où vous n’obteniez aucune modification sur les modes de gestions du syndic après avoir envoyé le dernier avertissement.
Le non-respect des responsabilités du conseil syndical constitue des fautes graves nécessitant l’engagement à des responsabilités pénales. Invoquez la responsabilité civile pour des négligences portant préjudice au syndicat des copropriétaires tels que des erreurs comptables ou le manque d’entretien de l’immeuble. Par contre, il convient d’engager la responsabilité pénale pour les détournements de fonds ou les travaux dissimulés. Afin de mieux soutenir votre démarche, ayez recours aux offres de garanties juridiques que proposent certains types d’assurances d’habitation.
Comment éviter les abus de pouvoir de syndic ?
Le manque de professionnalisme et l’abus de pouvoir du syndic de copropriété entraînent des conflits et une mauvaise gestion des biens immobiliers en commun. Afin d’y remédier, prévoyez les différents problèmes pouvant surgir au sein du conseil syndical. Vous avez opté pour le service d’un syndic professionnel ? Tâchez de bien choisir votre prestataire. Jaugez la réputation de la société grâce aux notes que les particuliers attribuent à leur syndic sur internet. Sinon, consultez le classement des meilleurs et des pires syndics, dévoilant une liste d’entreprises présentes dans les dix premières villes de France.
À l’issue des différentes plaintes fréquentes, prenez des mesures telles que :
- l’ouverture de comptes séparés afin de mieux contrôler les mouvements financiers ;
- l’organisation des assemblées générales dans le forfait de base et pendant les heures ouvrables pour éviter la surfacturation ;
- la demande des détails des frais sur les prestations exceptionnelles ;
- la possibilité de résilier le contrat de syndic tous les ans.
Il est également possible de changer le mode de gestion de la copropriété. Outre le syndic professionnel, vous disposez également d’un régime non professionnel. Légalisée depuis la loi de 1965, l’autogestion de l’immobilier se décline en syndic bénévole et en syndic coopératif. Le premier régime consiste à élire un membre des propriétaires pour remplir les responsabilités du syndic de copropriété.
Avec le deuxième mode de gestion, les conseillers syndicaux gèrent ensemble l’immobilier sous la direction du président du conseil syndical. Ces modèles garantissent la confiance entre les copropriétaires et assurent la convivialité. Afin de faciliter les tâches, particulièrement en ce temps de crise sanitaire, vous avez aussi la possibilité de choisir le syndic en ligne. Ces services professionnels consistent à s’occuper des tâches administratives et des missions courantes sur les copropriétés à distance.
Les attentes des copropriétaires envers le syndic sont portées sur la bonne gestion administrative et financière des immeubles. Des particuliers se plaignent pourtant du manque de professionnalisme et surtout des abus de pouvoir émanant des mandataires. Cela se manifeste par la prolifération des clauses abusives, la multiplication des prestations exercées en dehors de missions courantes accompagnées de tarifications excessives. Sans oublier les différents accidents que cause le mauvais entretien des bâtiments.
Afin d’éviter les conflits, il est primordial d’établir des règlements stricts dès la création de la copropriété et surtout de bien choisir le régime syndical. En cas de litige inévitable, optez pour les procédures à l’amiable avant d’entamer un processus judiciaire. Vous évitez ainsi les démarches fastidieuses et coûteuses au sein des tribunaux.